Les papillons rêvent-ils d'éternité ? - Sandra Labastie

Résumé :

"Cette journée du 1^er janvier, la première de la dernière année du monde, il s’est passé quelque chose de spécial entre nous, les élus. C’était comme au printemps, quand on devient joyeux sans comprendre pourquoi. C’est la dernière année de souffrance, a dit papa. Bientôt, on sera libérés."

À travers cette apocalypse manquée, une jeune fille de 13 ans contemple la condition humaine dans ses craintes et ses obsessions, dans son incroyable capacité d’imagination pour triompher d’une vie sans espérance.

Le roman de Sandra Labastie explore la frontière très fragile où la croyance jouxte la folie.

Ce que j’en pense :

Voilà un livre qui au premier abord ne m’aurait pas forcément attiré. Cependant son côté original m’a donné envie de lui laisser une chance, de comprendre de quoi il serait question. Autant vous dire que je ne savais pas du tout à quoi m’attendre ! Je ne savais pas dans quoi j’allais entrer et je me posais milles et une questions. Ne sachant que ce que le résumé nous disait, n’ayant pas lu de chronique le concernant, je me demandais ce que Sandra Labastie nous réservait. 

C’est au côté d’une jeune fille de 13 ans, la narratrice, que l’auteure déroule son histoire. Nous ne connaissons pas le nom de la jeune fille qui va nous raconter la dernière année du monde, mais ce n’est qu’un détail car l’important reste ses mots mais aussi et surtout les sentiments qui transparaissent au travers de ceux ci. Une partie pour une saison, voilà comment se découpe cet ouvrage qui va nous parler de la croyance et de la fin du monde au travers des yeux d’une enfant innocente et pleine de questions. Ainsi nous découvrons un monde sans avenir, un monde sur sa fin. Nous y côtoyons les espoirs des hommes, leurs peurs, leurs questions, les drames passés mais aussi ceux à venir, nous côtoyons l’apocalypse par les yeux d’une enfant. Plongé dans cet univers, le lecteur passera par beaucoup d’émotions face à cette petite fille qui ne demande que des réponses. Par cette histoire, Sandra Labastie nous parle des hommes en général et de leurs émotions mais aussi de leurs croyances, ou au contraire de leur absence de croyances, et de leur démence. Un roman plein de sensibilité qui explore l’homme dans toutes ses potentialités mais également dans ses limites. 

J’ai pour habitude de vous parler des personnages après avoir repris rapidement un résumé de l’histoire. Cette fois je ne vais vous parler que de la narratrice car c’est autour d’elle que tout tourne. C’est par elle qu’on prend connaissance de l’histoire et il s’agit donc de SON histoire. J’avais peur de la trouver trop jeune pour réussir à entrer dans son style, pourtant je n’ai pas eu ce problème. Même si elle reste jeune, son ton reste enfantin, elle rapporte les choses d’une telle façon qu’on a aucun mal à entrer dans l’histoire. C’est une héroïne attachante bizarrement et cela même si on ne sait rien sur elle. On ne la connait pas, on ne sait pas grand chose d’elle à part ce qu’on apprend progressivement au fil des pages. En tant que narratrice, elle est forcément très proche du lecteur et le fait que ça soit une enfant rajoute une certaine sensibilité à son personnage mais également un petit malaise. Quand on voit à quoi elle fait face, le regard qu’elle a sur le monde et sur les autres, la façon dont elle aborde cette derrière année on ne peut qu’être ému. C’est un personnage que j’ai trouvé original par bien des aspects et même si le fait qu’on ne la connaisse pas vraiment ne nuit pas à l’histoire, il est vrai que j’en ai ressenti une petite frustration. J’aurais réellement souhaité mieux la connaître, mieux l’appréhender afin de peut-être mieux la comprendre ! 

L’histoire retrace donc la dernière année avant la fin du monde comme je le disais plus haut. Il s’agit plus précisément de suivre l’héroïne durant cette dernière année. Vivant au sein d’une communauté de croyant, la religion occupe une place certaine dans ce roman. Pourtant au travers des yeux de la jeune fille, l’auteure pose de vraies questions et met en avant certains points un peu sensible. Elle parle de l’espoir, des peurs et de la manière dont la croyance intervient la dedans. On aborde les limites que peut avoir la religion dans certains cas et la façon dont certains peuvent l’instrumentaliser. Le fait que l’héroïne soit une enfant rend les choses encore plus réelle, plus dure même par moment. Elle se pose tellement de questions, espère tellement de réponses qui semblent ne pas venir alors elle se contente d’observer, de voir ce qui l’entoure. L’absence d’avenir dans ce roman est aussi une ombre qui plane sur la lecture tout du long, ça apporte une véritable émotion. Même si elle n’a pas de raison d’avoir peur car faisant partie de la communauté elle est censée être une Élue, une de celle qui survivra, des questions la taraudent et ne manque pas de faire naître beaucoup de doutes chez elle.

Dans son roman Sandra Labastie parle donc beaucoup des croyances et de tout ce qui va avec, mais elle parle aussi des non-croyants et de leurs propres réactions face aux autres, à ceux qu’ils considèrent comme des illuminés pour beaucoup. C’est là un ouvrage qui pose de vraies questions par le regard d’une jeune fille qui n’a rien demandé à personne et qui aborde la vie d’une manière différente. 

Je ne peux pas dire si j’ai aimé ou pas. C’est un roman particulier, qui ne laisse pas insensible. Je l’ai lu très facilement, j’ai trouvé vraiment intéressant les points abordés par l’auteure, la manière dont elle les amène cependant n’étant pas friande de la religion dans les livres il est vrai que c’est peut-être un léger frein pour moi. Je pense qu’il n’est pas question d’aimer ou de ne pas aimer ce roman tout simplement. Je l’ai lu, je suis contente de l’avoir lu, de ce que j’y ai découvert et je ne regrette en aucun cas ce voyage. Même si un véritable malaise plane tout du long, qu’on ressent une folie, une démence, j’ai trouvé ça intéressant à découvrir voir même surprenant à certaines reprises. Au final je suis un peu perplexe tout de même, après dans quel sens je ne le sais même pas.

Je remercie Camille et les éditions Michel Lafon pour cette lecture ! 

Les papillons rêvent-ils d’éternité de Sandra Labastie aux éditions Michel Lafon (3 Avril 2014 - 220 pages).