Mon père est parti à la guerre - John Boyne

Résumé :

Alfie Summerfield vient d'avoir cinq ans le jour où la Grande Guerre éclate. Son père a promis qu'il ne partirait pas mais s'engage dès le lendemain, persuadé que "tout sera fini à Noël". Quatre ans plus tard, la guerre fait rage et le jeune garçon ignore si son père est vraiment parti en mission ou s'il a disparu à jamais.Tout le monde semble savoir ce qui lui est arrivé mais le secret reste bien gardé. Devenu cireur de chaussures à la gare de King's Cross de Londres, Alfie va enfin découvrir la vérité au hasard d'une de ses rencontres et partir pour la mission la plus importante de sa vie... 

La première Guerre Mondiale vue à travers le regard d'un jeune garçon. Une aventure bouleversante.

Ce que j’en pense :

La guerre est un sujet très intéressant je trouve, forcément ce livre me faisait envie. J’avais envie de découvrir la manière dont John Boyne allait aborder ce sujet au travers d’un enfant.

Le 28 Juillet 1914. Un jour inoubliable pour le jeune Alfie, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord c’est le jour de ses 5 ans, un moment important, un anniversaire mais c’est aussi ce même jour que débute la grande guerre. La guerre… Qu’est ce que la guerre ? C’est une chose très lointaine pour un petit garçon de 5 ans. Mais pas pour Alfie qui a vu son père s’engager et partir combattre. Pour lui la guerre est présente tous les jours, dans son quotidien et cela par l’absence de cette présence paternel. Malgré les échanges de lettres, rien ne peut totalement remplacer ce père parti à la guerre. Alors le jour où les lettres s’arrêtent, cela devient pire. Plus de contact, plus de lien, un vide sans fin. Alfie grandit ainsi, à 5 ans son père est parti et quatre ans plus tard il ne sait toujours pas ce qu’il en est. Cireur à la gare, il travaille afin d’aider sa mère qui se démène elle aussi au travail. Voilà de longues années que son père n’a pas donné signe de vie, à cause d’une mission spéciale qui lui a été attribuée à ce qu’on lui a dit. Mais Alfie sait qu’on lui cache des choses, que tout n’est pas vrai. Il ne peut compter que sur lui pour découvrir ou est son père. L’histoire d’un petit garçon comme les autres qui va vivre l’horreur de la guerre et nous la transmettre au travers de son regard enfantin. Une histoire d’amour entre un père et son fils, une histoire de guerre, une guerre qui devait être courte mais qui finalement ne le fut pas du tout. 

Alfie est le héros de ce roman comme on l’apprend dans la résumé. Dans une première partie on le découvre à 5 ans alors que ce n’est que le début de la guerre et que son père vient de partir. Dès lors on entraperçoit la guerre par son regard, on a une vision très enfantine mais déjà très réaliste de ce qu’il se passe. Le départ de son père est quelque chose qui le marquera à jamais. Pensant vite le retrouver, il n’imagine pas que cette guerre durera autant. On s’attache vite à ce petit garçon comme les autres et on est triste pour lui. Il vit à une époque difficile et la vie ne va pas lui faire de cadeau. Resté avec sa mère, il va très vite vouloir se débrouiller pour lui apporter son aide. Dans une seconde partie on découvre Alfie 4 ans plus tard, c’est à dire à 9 ans. Il a vraiment gagné en maturité, surtout pour son jeune âge, mais au vu de ce qu’il a traversé on peut comprendre. Cireur de chaussures il souhaite aider sa mère qui travaille beaucoup. Même si cette relation mère-fils a de l’importance, celle père-fils l’est encore plus dans cette histoire à cause de l’absence de ce dernier à mon avis. On croise le chemin de différentes personnes au cours de cette lecture, bien entendu Alfie reste central et c’est surtout ses émotions dont il est question mais au travers de sa mère on aborde le travail des femmes par exemple. L’auteur se sert des personnages pour parler de thèmes concernant la guerre hors du front. Alfie est donc un personnage courageux, attachant, touchant, et très décidé. Il veut se battre pour avoir des réponses à ses questions. 

Contrairement à ce que j’ai pensé au début, on ne se concentre pas seulement sur Alfie et la relation qu’il a à son père au cours de cette lecture. Ici il est aussi question de beaucoup d’autres choses comme les femmes qui vont devenir une main d’oeuvre essentielle de cette guerre, ou encore le quotidien pour ceux qui vivent le conflit de loin mais qui sont tout autant concernés. On apprend l’horreur, la peur, les soupçons, rien n’est censuré, tout est dit. J’ai trouvé vraiment sympathique d’avoir cette vision « arrière » de la guerre, on oublie souvent les civils qui ont vécu durant 4 ans dans l’incertitude et les questionnements. Bien sur les soldats ont vécu des choses horribles, ils se sont battus pour leur pays mais ils ne sont pas les seuls. Il y avait tout un pays derrière, un peuple qui n’est pas ressorti indemne de tout ça. C’est par Alfie qu’on apprend tout ça, qu’on vit même tout ça. Au travers de ses sentiments on suit le déroulement des choses et même si savoir ce qu’il est advenu de son père est un point très important du livre, la guerre dans son ensemble l’est tout autant. 

John Boyne signe là un roman plein de sensibilité. J’ai vraiment aimé suivre Alfie. Je ne peux pas dire qu’il s’agit d’un livre joyeux, bien au contraire, mais c’est un livre qui témoigne de notre passé, quelque chose à ne pas oublier. C’est un très beau livre qui ne laisse pas le lecteur indemne, il est percutant, intéressant et touchant. Ce fut pour moi une très belle découverte ! 

Je remercie les éditions Gallimard Jeunesse pour cette lecture.

Mon père est parti à la guerre de John Boyne aux éditions Gallimard Jeunesse (Scripto) (25 Avril 2014 - 288 pages).